Débat autour du renseignement militaire

Un des faits les plus marquant l’université d’été de la défense, qui a eu lieu les 8 et 9 septembre à Saint-Malo, la ville de Surcouf, aura porté sur un aspect du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale. Ce dernier a mis la capacité « connaissance et anticipation », au rang de priorité stratégique.

Ainsi, le diplomate Bernard Bajolet a été nommé au poste de coordinateur du renseignement et dépend, à ce titre, directement de l’Elysée. Comme l’intitulé du poste l’indique, son rôle est de coordonner l’action de l’ensemble des services de renseignement français, qu’ils soient civils ou militaires. Cela ne pose a priori pas de problème pour la nouvelle DCRI, qui rassemble désormais les policiers de la DST et des Renseignements généraux, ni pour la DGSE.

En revanche, il semble que cela soit loin d’être le cas pour la Direction du renseignement militaire (DRM) et sans doute, dans une moindre mesure, celui de la DPSD (l’ex Sécurité militaire). Comme l’a rapporté l’hebdomadaire Le Point, le chef d’état-major des Armées (CEMA), le général Jean-Louis Georgelin, ne compte pas laisser à un autre le soin de gérer la DRM. « Je n’ai pas attendu le Livre blanc pour faire du renseignement » a-t-il lancé lors d’une table ronde.

Etant donné que le coordinateur devra fixer les priorités et la stratégie des services de renseignement et qu’à ce titre, il aura son mot à dire sur les investissements. Dans ces conditions, la DRM, qui a été créée au lendemain de la première guerre du Golfe, pourrait subir des arbitrages défavorables. Cette crainte a été exprimée par son ancien directeur, le général Michel Masson, au cours d’un entretien accordé à la revue « Sécurité globale. » Selon lui, l’avenir de la DRM pourrait se traduire par « des réductions proportionnellement moindres à celles imposées à d’autres fonctions. »

Le général Georgelin a fait la distinction « entre le renseignement de l’Etat pour l’autorité politique » et celui qui a une utilité opérationnelle pour les armées. Pour schématiser, il ne s’agit pas de confondre le métier de policier et celui de militaire. Par conséquent, c’est donc au CEMA qu’il reviendrait de décider et de planifier les moyens à accorder à la DRM en fonction de ses besoins, conformément aux missions qui ont été confiées dès l’origine à ce service.

La partie est loin d’être gagnée pour le CEMA, si l’on en juge par la réponse de Cécile Fontaine, la conseillère du chef de l’Etat pour les affaires militaires (et dont, on notera, au passage, que rien ne l’y prédestinait). Selon cette dernière, il faut surtout « sortir de la logique » qui fait que « l’on prépare la guerre d’avant, pour analyser les nouvelles menaces. » A force de vouloir « préparer » la guerre de demain, encore faudrait-il être prêt pour les menaces d’aujourd’hui. Or, au vu des lacunes actuelles, c’est loin d’être le cas.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]