Manifestation à Metz contre la nouvelle carte militaire

La Lorraine va être durement frappée avec la mise en place de la nouvelle carte militaire, annoncée en juillet dernier. La région va en effet perdre près de 8.400 militaires d’ici la fin de la réforme actuellement engagée, la Moselle étant la plus touchée. Ainsi, l’agglomération de Metz verra partir la base aérienne 128 (2.502 personnels), l’état-major de la Brigade de renseignement, transférée à Haguenau ainsi que le 2e Régiment de Génie, tandis que le 57e Régiment d’Artillerie de Bitche sera dissous.

Selon la ville de Metz, avec 5.570 militaires en moins, l’agglomération messine devra supporter près de 10% du total des suppressions et des transferts de postes au niveau national. Comme l’on peut s’en douter, cela aura des répercussions démographiques et d’après les estimations de la mairie, cela se traduirait par une baisse de la population d’environ 14.000 personnes, ce qui aura des conséquences sur la fiscalité locale et sur le maintien de services publics.

Sur la foi d’un rapport du CES de Lorraine du 20 juin 2008 indiquant que le poids économique annuel d’un régiment de 1.000 hommes serait de 30 millions d’euros, la ville de Metz a évalué à 167 millions d’euros par an le montant des pertes pour l’économie locale, ce qui aurait un impact de 6% sur le PIB de la Lorraine.

Devant ces perspectives, et bien que des projets de reconversion soient dans les cartons, le Comité stratégique de suivi de la ville, créé après l’annonce des restructurations, a organisé, samedi dernier, une manifestation qui a rassemblé environ 1.500 personnes (1.000 selon la police). Près de 250 élus de toutes tendances politiques ont par ailleurs défilé derrière le maire (PS) de Metz, Dominique Gros, pour qui cette mobilisation visait à « montrer à l’Etat que la Lorraine est solidaire pour empêcher la saignée que veut lui imposer le gouvernement. »

« C’est une nouvelle Lorraine qui s’est mise en marche avec l’ambition d’avoir, unie, d’autres rapport avec l’Etat » a fait valoir de son côté André Rossinot, le maire (UMP) de Nancy. En effet, outre les élus de gauche et de droite, les organisations patronales, les commerçants, les syndicalistes (CGT, CFDT, CGC), et l’Université Paul-Verlaine ont envoyés des représentants prendre part à la manifestation.

Le président de la République, Nicolas Sarkozy, avait pris des engagements, la semaine précédente, pour compenser le départ des militaires de la région.  Sauf que ces mesures ont été jugées insuffisantes à l’unanimité par le Conseil municipal de Metz, qui demande davantage de soutien de la part de l’Etat et le transfert d’une des unités stationnées actuellement en Allemagne.

Quoi qu’il en soit, le cas de la Lorraine montre bien que même si l’armée n’a pas vocation à faire de l’aménagement du territoire, il n’en reste pas moins qu’elle y contribue, et les 320 millions d’euros prévus pour amortir le choc des dissolutions de régiments et de bases aériennes risquent fort d’être insuffisants, ceci dans un contexte budgétaire plus que délicat.

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