Pressions diplomatiques sur la Russie

Le président géorgien, Mikheïl Saakachvili, a accepté « à peu près toutes les propositions » contenues dans le plan de paix soutenu par l’Union européenne et que lui ont soumis le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et le finlandais Alexander Stubb, dont le pays préside actuellement l’OSCE, alors en déplacement à Tbilissi dans le cadre d’une mission de médiation.

« Il faut que la paix revienne pour que les populations civiles soient protégées. C’est la seule chose et de ce point de vue, le président Saakachvili a accepté à peu près toutes les propositions qu’on lui faisait », a déclaré, à l’antenne de RTL, Bernard Kouchner, qui doit se rendre ensuite à Moscou « pour tenter de finaliser toutes ces démarches (…) autour d’un document » qui doit permettre l’instauration d’un cessez-le-feu des deux parties. « Notre mission est d’assayer de faire la paix selon un plan assez simple », a-t-il encore expliqué. Ce plan prévoit, entre autre, la « cessation immédiate et inconditionnelle » des hostilités, une aide humanitaire aux victimes et un retour des forces en présence à la situation initiale du 6 août, c’est à dire avant le début des hostilités.

Le président Sarkozy, qui est aussi celui de l’Union européenne étant donné que la France en assume actuellement la présidence tournante, se rendra dans la région le 12 août. Il devra user de sa force de persuasion pour convaincre les autorités russes d’accepter un cessez-le-feu. Pour l’instant, les propositions de paix acceptées par le président géorgien ont été écartées par le vice-premier ministre russe, Sergueï Ivanov. Selon ce dernier, Tbilissi doit négocier l’arrêt du conflit directement avec les régions séparatistes et jugé nécessaire qu’un « engagement écrit » soit signé « d’un côté par la Géorgie et de l’autre par l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie » stipulant « de ne plus jamais recourir à la force à l’avenir. »

Par ailleurs, les propos que le représentant permanent russe auprès de l’OTAN, Dmitri Rogozine, a tenus lundi matin ont de quoi alimenter l’intention prêtée à Moscou de vouloir faire tomber président Saakachvili. Le diplomate a en effet estimé qu’il « n’est plus un homme avec qui nous pouvons avoir affaire » étant donné qu’il est « responsable de nombreux crimes. » Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a été encore plus direct en comparant les autorités géorgiennes au régime de Saddam Hussein. Il s’en est également pris aux Américains et à leur « capacité à présenter l’agresseur en victime de l’agression. »

Il faut dire que depuis le début de cette affaire, Washington et Moscou ont échangés quelques passes d’armes sur le terrain diplomatique, la Géorgie étant un allié des Américains. Le président George W. Bush a lancé une sévère mise en garde à la Russie, dont les actions dans le Caucase « menacent les relations avec les Etats-Unis. » Commentant les informations selon lesquelles les troupes russes avaient pris pied en territoire géorgien, l’actuel locataire de la Maison Blanche a déclaré que « la Russie a envahi un pays souverain voisin et menace un gouvernement démocratiquement élu par son peuple ». « Une telle action est inacceptable au 21e siècle » a-t-il ajouté. « Le gouvernement russe doit changer la politique qu’il semble mener et accepter l’offre de paix (de la Géorgie) comme premier pas vers la résolution de ce conflit » a estimé le président Bush.

Les ministres des Affaires étrangères des pays les plus industrialisés du G7 ont quant à eux exhorté les autorités russes à accepter un cessez-le-feu immédiat avec Tbilissi et les ont appelé à respecter l’intégrité territoriale géorgienne.

Du côté des pays européens, outre l’action de menée au nom de l’UE par le chef de la diplomatie française, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a déclaré « ne pas voir de justification » à la poursuite des opérations militaires menées par Moscou. A Rome, le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, a indiqué exercer « une pression morale », « fondée sur la confiance personnelle », sur le chef du gouvernement russe, Vladimir Poutine, afin de l’inciter à accepter un arrêt des combats. Etant dépendant du gaz russe, l’Allemagne a quant à elle insisté sur le nécessaire retrait géorgien d’Ossétie du Sud tout en soutenant la démarche française en faveur de l’arrêt des hostilités.

Enfin, les chefs d’Etat d’anciens pays du bloc de l’Est aujourd’hui membres de l’Union européenne, c’est à dire la Pologne, l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie, ont affirmé avoir l’intention de se rendre à Tbilissi afin d’afficher leur soutien aux autorités géorgiennes.

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