L’armée russe pénétre en Géorgie

Il est difficile d’avoir une idée précise de la situation du conflit qui oppose la Géorgie et la Russie en raison des communiqués et de déclarations contradictoires délivrés par les deux belligérants. Ainsi, dans la soirée du 11, le président géorgien Mikheïl Saakachvili a annoncé que la « majeure partie » du territoire de son pays était occupé par les forces russes, ce que Moscou a démenti.

Le jour même, le secrétaire du Conseil de sécurité géorgien, Alexandre Lomaïa, a affirmé que les Russes s’étaient emparés de la ville de Gori, située à 60 km de la capitale Tbilissi. « Nous sommes en train de traverser en voiture Gori et je n’aperçois aucun signe de soldats ou de véhicules militaires. Tout est complétement désert » a déclaré un journaliste de l’agence Reuters, présent sur les lieux, contredisant ainsi les déclarations des autorités géorgiennes.

Cependant, il est néanmoins sûr et certain que les troupes russes ont mené des opérations militaires terrestres sur le territoire géorgien. Ainsi, la base militaire située près de la ville de Senaki, à l’ouest du pays, a été prise par l’armée russe afin « d’empêcher de nouvelles attaques géorgiennes en Ossétie du Sud. » Moscou aurait fait replier ses soldats dans la soirée. La ville de Zougdidi, qui se trouve à proximité de l’Abkhazie, l’autre province séparatiste, aurait également été occupée par les militaires russes. Un photographe de l’agence Associated Press a indiqué avoir vu plusieurs blindés russes dans la ville.

Pour le président Saakachvili, ces incursions trahissent la volonté du Kremlin de vouloir « occuper tout le territoire de la Géorgie » tandis que le secrétaire du Conseil de sécurité de défense lui prête l’intention de « renverser le gouvernement » géorgien. Ainsi, l’armée a reçu l’ordre de se replier sur la capitale Tbilissi afin de la défendre, le cas échéant, contre les troupes russes. Cela étant, le ministère russe de la Défense a assuré ne pas avoir « de plans en vue d’avancer vers Tbilissi. »

Par ailleurs, l’aviation russe a poursuivi ses raids sur des objectifs en Géorgie. La banlieue et l’aéroport international de Tbilissi, Gori, le terminal pétrolier du port de Poti, sur la mer Noire, ont ainsi été bombardés dans la nuit du 10 au 11 août.

En Abkhazie, 9.000 soldats russes sont venus renforcer troupes de maintien de la paix déjà présente dans la province séparatiste. Les forces géorgiennes présentes dans la gorge de Kodori, qui est une partie de l’Abkhazie contôlée par Tbilissi, ont été encerclées par les miliciens abkhazes. Le commandement russe de la région leur a demandé de déposer les armes dans un ultimatum qui a été repoussé par la Géorgie.

Pour accepter un cessez-le-feu, la Russie avait exigé un retrait de la Géorgie de l’Ossétie du Sud. Or, Moscou a assuré que Tskhinvali, la capitale sud-ossète, subissait toujours des bombardements menés par l’artillerie et l’aviation géorgiennes. Pourtant, lundi matin, le président russe Dmitri Medvedev a assuré que ses troupes contrôlaient Tskhinvali et « qu’une grande partie de l’opération pour contraindre la partie géorgienne à la pais en Ossétie du Sud était terminée. »

Les bilans donnés de part et d’autre ont été revus à la baisse. Ainsi, les Russes parlent de 1.600 civils tués, au lieu des 2.000 avancés plus tôt. Quant aux Géorgiens, ils ne revendiquent plus 80 à 90 avions adverses abattus mais seulement 18 ou 19. Moscou a confirmé une nouvelle fois avoir perdu seulement 4 appareils et a fait état de 18 militaires tués, 52 blessés et 14 portés disparus.

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