La situation s’améliore nettement en Irak

La violence en Irak ne s’est pas encore éteinte. Le 27 juillet, plusieurs attentats perpétrés dans plusieurs villes du pays, faisant au total 56 morts et au moins 200 blessés parmi la population civile. Venus à Bagdad pour commémorer l’assassinat du septième imam historique du chiisme, Moussa, par le calife Haroun al-Rachid en 799, des pélerins ont été visés par l’attaque de trois femmes kamikazes, qui a fait 25 morts. A kirkouk, au Kurdistan irakien, lors d’une manifestation politique, 11 autres personnes ont été tués et 54 autres blessées par l’explosion d’une bombe portée par un terroriste. Enfin, à Baaqouba, quatre occupants d’une voiture ont perdu la vie alors qu’ils passaient à proximité d’une bombe artisanale.

Même si cette journée aura été l’une des plus meurtrières de l’année, il n’en reste pas moins que la sécurité s’est globalement améliorée au cours de ces derniers mois. En juillet, ce sont 387 civils et 45 policiers qui ont été tués dans des violences, selon des chiffres officiels donnés par le gouvernement irakien, contre respectivement 448 et 40 pour le mois précédent. En mai, ce nombre s’est élevé à 504 civils tués.

Quant aux troupes américaines, elles ont perdu 11 soldats en juillet, ce qui en fait le niveau le plus bas jamais enregistré depuis l’invasion de l’Irak en mars 2003. Les nombres des pertes va en diminuant au fil des mois. Elles s’établissaient à 29 militaires tués en juin et 19 en mai. On est loin des niveaux de perte de l’année 2004 par exemple où rien qu’en novembre, 137 soldats américains avaient perdu la vie.

Cette tendance est notamment le fruit de l’application des recommandations formulées par le général Petraeus qui consistaient, entre autre, à renforcer les forces américaines en Irak, à passer des accords avec les chefs tribaux sunnites et de conclure une trêveavec Moktada Sadr, l’imam chiite. Si elle se confirme, cette évolution à la baisse de la violence aura plusieurs conséquences.

La première est le retrait du pays de troupes de la coalition. La Lituanie a annoncé le départ de son contingent présent en Irak depuis mars 2003. Sur les 33 militaires encore déployés, seuls une douzaine d’officiers resteront en Irak pour une mission d’entraînement de l’armée irakienne patronnée par l’OTAN. Quant aux Britanniques, après avoir engagé 50.000 hommes au moment de l’invasion du pays, 4.100 soldats y seront encore maintenus « pour quelques mois » dans la zone de Bassorah mais avec une mission différente. Il s’agira en effet pour eux de former des éléments de l’armée irakienne avant de quitter la région.

Le dispositif américain devrait être également allégé. Le président George W Bush a d’ores et déjà annoncé une nouvelle réduction des effectifs présents en Irak, ainsi qu’une réduction de 15 à 12 mois de la rotation des troupes engagées. Pour le général Petraeus, la coalition et les forces irakiennes « contrôlent une large majorité du pays ». Il remettra en septembre de nouvelles recommandations pour la politique à suivre en Irak. Cependant, le général américain tient à rester prudent et parle de « progrès réversibles. » Il a de plus indiqué que la présence d’islamistes dans le nord du pays pose toujours un problème.

Par ailleurs, la résolution des Nations unies qui donne une légitimité juridique à la présence de la force multinationale sous commandement américain expirera le 31 décembre prochain. Washington négocie avec Bagdad un accord-cadre-stratégique qui permettrait aux Américains de rester présents en Irak. Toujours selon le général Petraeus, les autorités irakiennes ne pourront assurer la sécurité du pays à elles seules qu’à partir de la fin de l’année 2009. Pour l’instant, aucun accord n’a été trouvé, le calendrier de retrait des troupes américaines étant un des points de blocage.

Les forces de sécurité irakiennes montent en première en ligne de plus en plus souvent. Elles ont en effet la responsabilité de la récente opération militaire baptisée « heureux présage », lancée contre un bastion d’al-Qaïda situé dans la province de Diyala, au nord-est de Bagdad. Selon le ministère de la Défense irakien, 50.000 hommes participent aux opérations, avec des unités américaines en soutien. L’objectif est « de découvrir et de détruire les éléments criminels et les menaces terroristes à Diyala et d’éliminer les réseaux de contrebande dans la région », selon un communiqué de la coalition en Irak. Cette province, qui passe pour être l’une des plus dangeureuses du pays, est souvent le théâtre d’attentats commis par les combattants d’al Qaïda contre les irakiens ralliés au gouvernement de Bagdad et aux forces américaines.

Les revers subis par la branche irakienne du réseau d’Oussama Ben Laden font qu’une partie de ses chefs et de ses combattants quittent le pays pour rejoindre l’Afghanistan, selon des responsables américains du renseignement cités par le Washington Post. « Nous pensons qu’al-Qaïda a procédé à des ajustements concernant la viabilité de son combat en Irak et sur le fait de savoir si l’Irak doit rester au centre de ses efforts », a ainsi déclaré le général Brian Keller, responsable du renseignement pour le commandant en chef des forces américaines en Irak. « Nous sommes certains que les chefs d’al-Qaïda n’abandonneront jamais totalement l’Irak mais ils pourraient percevoir l’Afghanistan (…) comme un endroit où ils pourraient mieux utiliser leurs ressources », a-t-il encore précisé.

Si la violence baisse d’intensité en Irak, elle augmente, en revanche, en Afghanistan. Selon des ONG, l’insécurité touche maintenant des zones qui étaient considérées comme relativement sûres auparavant. Depuis le début de l’année, 2.500 personnes ont été tuées en Afghanistan, selon l’ACBAR, qui coordonne les actions d’une centaine d’ONG.

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