Des officiers de Surcouf identifiés

Récemment, le site Internet du Nouvel Observateur a révélé que la Direction de la sécurité du territoire (DST), avait été officieusement chargée par l’Elysée de retrouver les membres du groupe Surcouf, auteurs d’une tribune critique à l’égard des orientations prises en matière de politique de défense et publiée par le Figaro du 19 juin dernier.

Cette information, que le Nouvel Observateur a maintenu malgré un démenti du ministère de l’Intérieur évoqué par Le Point, a été évoquée par le Figaro. Initialement, la mission d’identifier les officiers du collectif Surcouf a été confiée à la Direction de la protection et de la sécurité de la défense (DPSD), c’est à dire l’ancienne Sécurité militaire.

« Mais devant les réticences de l’institution militaire, face à l’intention prêtée à la DPSD de s’en tenir ‘minimum syndical’, Nicolas Sarkozy aurait, selon plusieurs sources, demandé à la Direction de la sûreté du territoire, chargée du contre-espionnage, de démasquer les officiers frondeurs, » a ainsi Isabelle Lasserre dans les colonnes du Figaro daté du 11 juillet.

Invité vendredi matin par France Info, le ministre de la Défense, Hervé Morin, a indiqué qu’il n’était pas au courant de cette enquête parallèle et officieuse de la DST, dont la spécialité est de lutter contre l’espionnage, le terrorisme, et plus généralement contre les activités pouvant affecter la sûreté nationale. Notons au passage que la tribune des membres du groupe Surcouf n’entre pas dans ce cadre là, même si elle a passablement irrité le chef de l’Etat.

« Je ne connais pas cette enquête, et s’il y en avait une, je connais pas non plus les conclusions », a affirmé le ministre de la Défense. Ce dernier avait par ailleurs indiqué à Valeurs actuelles, la semaine dernière, que les officiers de Surcouf devaient, selon lui, être renvoyés de l’armée, avant de se raviser quelques jours plus tard et d’estimer sur les ondes de RTL que cette affaire était « secondaire ». La position du ministre rejoignait ainsi celle du chef d’état-major des armées, le général Georgelin, qui avait déclaré vendredi dernier au micro d’Europe1 qu’il ne voulait pas « d’une chasse aux sorcières dans les armées. »

Cela étant, aussi bien le Nouvel Obervateur que le Figaro ont affirmé que certains membres du groupe Surcouf ont été identifiés par les limiers de la DST. Le blog Secret Défense a quant à lui fait état de la saisie par la DPSD une trentaine d’ordinateurs portables confiés aux officiers (colonels et capitaines de vaisseau) stagiaires du Centre des Hautes Etudes Militaires (CHEM). Relatant le cours de l’enquête, la dernière édition du Canard enchaîné évoque également la piste du CHEM mais aussi celle de Collège Interarmées de Défense (CID). Par ailleurs, et sans donner plus de précisions, l’hebdomadaire croit savoir qu’un général de corps d’armée serait dans le collimateur.

Si cela est confirmé, la révélation de l’identité des auteurs de la tribune incriminée pourrait ainsi s’avérer gênante, eu égard aux connaissances de ces derniers en matière stratégique. « Le seul inconvénient, c’est qu’ils ne font aucune proposition, ils critiquent, des critiques qui sont d’une très grande légèreté et témoignent à mon sens d’une grande ignorance du problème », avait déclaré, au sujet des membres du groupe Surcouf, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, à l’antenne d’Europe 1, dimanche dernier…

Ces officiers de haut rang et de haut niveau pourraient donc être sanctionnés pour leur prise de parole. « Il y a un principe simple. Les militaires ont le droit d’expression depuis la dernière réforme. Mais il y a un cadre : l’obligation de loyauté et le droit de réserve. On verra les choses en fonction de ce cadre là » a expliqué le ministre de Défense sur France Infos. Encore heureux que le groupe Surcouf n’ait pas lancé un appel à la désobéissance et à refuser l’application des réformes annoncées…

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