Surcouf : Morin change son fusil d’épaule

Dans un entretien publié cette semaine par l’hebdomadaire Valeurs Actuelles, le ministre de la Défense, Hervé Morin, a évoqué l’enquête en cours de la Direction pour la portection et la sécurité de la défense (DPSD) pour identifier les membres du groupe Surcouf, auteurs d’une tribune critique à l’égard du Livre blanc et des réformes en cours, publiée par le Figaro le 19 juin dernier. Le texte avait choqué le président de la République qui « n’a pas caché qu’il trouvait plus que déplacés la liberté que prenaient des officiers avec le devoir de réserve qui s’impose, en principe, aux militaires » (source : le Figaro du 20 juin).

Valeurs Actuelles : Avez-vous lancé une enquête pour identifier « Surcouf », pseudonyme collectif utilisé par un groupe d’officiers dans « le Figaro » ?

Hervé Morin : Si les auteurs de cette tribune sont connus, ils devront assumer la violation du devoir de réserve imposé par la loi et le statut militaire. De même, lorsqu’il y a des fuites, sachez que je demande systématiquement des enquêtes à la direction pour la protection et la sécurité de la défense (DPSD). Je l’ai dit aux chefs d’étatmajor au début de la réforme : si on identifie tel ou tel à l’origine des fuites, il quittera ce ministère dans la seconde, qu’il ait des galons ou des étoiles. Je leur ai dit de transmettre ce message à tous leurs subordonnés.

Valeurs Actuelles : Les critiques ne sont donc plus autorisées !

Hervé Morin : Je suis chargé de faire respecter le statut militaire et les critiques publiées sont infondées. Elles parlent de l’absence de choix alors que c’est tout le contraire : nous passons de contrats opérationnels virtuels à des contrats opérationnels réels.

Vendredi dernier, invité par Jean-Pierre Elkabbach à s’exprimer sur les ondes d’Europe 1, le général Georgelin, chef d’état-major des armées (CEMA) s’est dit opposé à une éventuelle « chasse aux sorcières » et a indiqué que les membres de Surcouf ne seraient pas exclus de l’armée, avant de conclure par « nous verrons le moment venu les mesures qu’il faudra prendre. »

Enfin, dernier épisode de l’affaire. Invité du Grand Jury RTL / Le Figaro / LCI, il n’est plus question pour Hervé Morin de chasser les membres de Surcouf. Le ministre s’est même dit opposé, comme le chef d’état-major des armées, à une « chasse aux sorcières » :

Jean-Michel Aphatie : Vous ne donnez pas le sentiment, au moment où vous répondez, Hervé Morin, de vouloir connaître quels sont les officiers (ndlr : ceux de Surcouf) qui ont enfreint les règles de l’institution…

Hervé Morin : Je trouve que tout ça est très secondaire.

Pour être bien sûr d’avoir bien compris, le journaliste de RTL revient à la charge :

Jean-Michel Aphatie : Vous ne donnez pas le sentiment de vouloir connaître leur identité, Hervé Morin

Hervé Morin : Parce que cela ne me semble pas majeur et essentiel.

Alors, après avoir rappelé ces officiers à leur devoir de réserve et même à leur loyauté, après avoir indiqué qu’ils risquaient de prendre le « chapeau mou » dans le cas où l’enquête de la DPSD aboutirait, le ministre de la Défense cherche désormais à minimiser l’affaire.

Mieux même : il va jusqu’à accuser les gens de Surcouf de ne pas maîtriser leur sujet et de ne pas connaître le contenu des réformes qui sont en train d’être réalisées. Le mot « incompétence » n’a pas été prononcé, mais il a été sous-entendu…

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