Grandes manoeuvres pour les aviateurs israéliens

 

Les forces aériennes israéliennes (IAF) ont mené, pendant la première semaine du mois de juin, des manoeuvres de grande ampleur au-dessus de la Méditerranée orientale et de la Grèce. L’exercice a impliqué une centaine de F-15 et de F-16, ainsi que des avions ravitailleurs et des hélicoptères pour la recherche et la récupération de pilotes abattus.

Selon des responsables militaires américains cités par le New York Times, il s’agirait pour l’IAF de se préparer à un éventuel raid contre des installations nucléaires iraniennes, dont celles de Natanz, spécialisées dans l’enrichissement de l’uranium. L’Etat hébreu craint en effet que l’Iran puisse disposer un jour de la bombe nucléaire, d’autant plus que Téhéran possède dans son arsenal des missiles susceptibles de l’atteindre. Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a de plus menacé de rayer Israël de la carte, quelques mois après son élection.

Par le passé, l’aviation israélienne a réalisé deux raids de cette nature. En juin 1981, ses F-16 et F-15 avaient détruits le complexe nucléaire irakien d’Osirak. Plus récemment, le 6 septembre 2007, une autre attaque avait visé le site syrien d’Al-Khibar, suspecté d’abriter le développement d’un programme nucléaire secret en collaboration avec la Corée du Nord. Dans les deux cas, les distances à parcourir pour les avions israéliens étaient beaucoup plus courtes que celle qu’ils auraient à franchir dans le cas d’un raid contre des installations nucléaires iraniennes, d’où cet exercice organisé au début du mois.

Même si l’armée israélienne ne s’est pas montrée très bavarde au sujet de ces manoeuvres aériennes importantes, il n’en demeure pas moins qu’elles ont un sens. En plus de tester les capacités de son aviation, il s’agirait aussi pour Israël de mettre la pression sur les six médiateurs internationaux chargés du dossier du nucléaire iranien (les cinq membres du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne).

En cas d’un échec de la voie diplomatique et de la politique de sanctions, ce qui aurait pour conséquence la poursuite du programme nucléaire iranien, le gouvernement israélien a, avec cet exercice, montré qu’il était prêt à envisager une action militaire. Le message s’adresse également, et sans doute plus particulièrement, à Téhéran.

Le vice-Premier ministre israélien, Shaoul Moffaz, n’avait d’ailleurs pas dit autre chose, le 6 juin dernier. « Si l’Iran poursuit son programme d’armement, nous l’attaquerons », avait-il déclaré au journal Yediot Aharonot, avant de préciser toutefois que le soutien des Etats-Unis pour l’organisation d’une telle opération était nécessaire.

Les autorités iraniennes ne semblent cependant pas ébranlée par l’éventualité d’une attaque de leurs sites nucléaires par les forces aériennes israéliennes. « Une telle impertinence et audace pour mener une agression contre nos intérêts et notre intégrité territoriale est impossible » a déclaré Gholamhossein Elham, le porte-parole du gouvernement iranien samedi dernier.

Enfin, Mohamed ElBaradei, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui est de plus en première ligne sur le dossier du nucléaire iranien, a quant à lui estimé qu’une attaque de les installations nucléaires iraniennes serait la « pire des choses » et qu’elle ferait du Moyen-Orient une « boule de feu ». Pour M. El Baradei, une opération militaire de cette sorte conduirait « l’Iran, s’il ne fabrique déjà des armes nucléaires, à se lancer dans une course intensive pour produire des armes nucléaires avec la bénédiction de tous les Iraniens, y compris ceux de la diaspora. »

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