Incident entre les Etats-Unis et le Pakistan

Les zones tribales pakistanaises, frontalières avec l’Afghanistan, servent de refuge aux combattants talibans, ainsi qu’aux militants d’Al Qaïda. L’armée américaine, qui n’a pourtant pas l’autorisation d’y intervenir, y a effectué des frappes ciblées afin d’éliminer des dirigeants djihadiste.

C’est ainsi qu’un des six principaux lieutenants de Ben Laden, Abou al-Libi, a été tué par un missile américain alors qu’il se trouvait dans le Nord-Waziristan, c’est à dire dans un des territoires pakistanais autonomes. Plus récemment, une frappe aérienne, vraisemblablement réalisée à l’aide d’un drone de type « Predator », a visé 12 terroristes islamistes dans la zone tribale de Bajaur, le 14 mai dernier.

Dans la nuit de mardi à mercredi, ce sont des paramilitaires pakistanais, en opération dans la zone tribale de Mohmand, qui auraient été frappés par un raid aérien américain, selon Islamabad, qui a également indiqué que onze d’entre eux ont été tués. Washington ne nie pas le raid aérien mais précise qu’il visait des combattants islamistes et non des militaires pakistanais. Par ailleurs, il s’agissait pour les Américains d’un acte de légitime défense, en réponse de l’accrochage par des talibans d’une patrouille de la coalition dans la province afghane de Kunar.

Cela étant, les circonstances dans lesquelles s’est déroulé l’incident sont différentes selon les acteurs impliqués :

Pour les autorités pakistanaises : les paramilitaires ont accroché des éléments de l’armée afghane qui auraient franchi la frontière. Des talibans pakistanais et des combattants islamistes présents dans les environs s’en seraient mêlés et auraient également attaqué les soldats afghans. L’armée a ensuite indiqué que le raid a touché un poste du Corps frontalier, une unité paramilitaire;

Pour le leader tribal Damagh Khan Mohmand, dont les propos ont été rapportés par le site du Nouvel Observateur : des troupes afghanes et « étrangères » se sont opposées pendant près de 4 heures à des militaires et des membres de tribus pakistanais. Deux avions auraient largué des bombes pendant que plusieurs drones survolaient la zone de combat.

Pour les talibans : des troupes afghanes et de l’Otan auraient été repoussées par des combattants islamistes alors qu’elles se trouvaient en territoire pakistanais. Selon leur porte-parole, Maulvi Umar, 40 militaires afghans auraient été tués. Les talibans, qui auraient également abattu un hélicoptère, font état de 8 tués dans leurs rangs.

Pour la coalition et les Américains : un groupe de sept combattants, équipés d’armes légères et de lance-roquettes, aurait attaqué des « forces de la coalition » dans la province de Kunar, avant de se replier vers le Pakistan. Il aurait été ensuite « poursuivi » par les soldats de la coalition, ce qui aurait amené les Américains à lancer un raid aérien pour les désengager. Par ailleurs, un officier de liaison pakistanais aurait été averti de l’imminence des frappes par la coalition mais il semblerait, rapporte le New York Times, qu’il n’était pas au courant de la présence de paramilitaires dans la zone. Enfin et contrairement aux affirmations pakistanaises, les Amricains affirment qu’aucun bâtiment n’a été touché par le bombardement.

Dans un souci de prouver ses dires, le Pentagone a diffusé les images du raid, filmés par un drone qui survolait les lieux à ce moment. On peut en effet y voir quatre bombes atteindre des combattants islamistes. Seulement, et comme l’indique l’article du New York Times, les deux F-15 E et le bombardier B-1 de l’US Air Force qui ont participé à l’attaque ont largué non pas quatre mais une douzaine de bombes. Où sont-elles tombées?

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