Les FARC ont perdu leur chef historique

Sa mort avait déjà été au moins affirmée à 17 reprises. Samedi, le ministre de la Défense colombien, Juan Manuel Santos, a une nouvelle fois annoncé la disparition de Manuel Marulanda, le numéro 1 et fondateur des Forces armées révolutionnaires de Colombie. L’information a été confirmée dimanche à la télévision vénézuélienne Telesur par Timeleon Jimenez, un membre du secrétariat de la guerilla marxiste. En fait, Marulanda serait mort d’une crise cardiaque depuis le 26 mars dernier.

De son vrai nom Pedro Antonio Marin, Manuel Marulanda, également appelé « Tirofijo » (« dans la cible »), était considéré comme étant le plus vieux guérillero marxiste du monde. Né le 12 mai 1928 à Genova, situé à l’ouest de Bogota, dans une famille de petits propriétaires terriens, Marulanda a passé la plus grande partie de sa vie dans la jungle colombienne.

Il commence sa carrière de guérillero en 1948, après l’assassinat de Jorge Eliecer Gaitan, un homme du parti libéral colombien (classé à gauche). Il créé alors un groupe « d’autodéfense paysanne ». Dans les années 1950, alors que les milices paysannes rentrent peu à peu dans le rang, Marulanda poursuit la lutte armée et adhère aux thèses défendues par le Parti communiste.

En 1953, il devient le chef d’un groupe d’autodéfense agraire d’obédience communiste composé par 26 hommes. Onze ans plus tard, il tient tête avec une cinquantaine de guerilleros à l’armée colombienne dans les montagnes de Marquetalia. Ce fait d’arme deviendra un des mythes fondateurs des Farc qui seront créées avec l’appui du Parti communiste.

Prélevant « un impôt révolutionnaire », vivant de rapines, de narco-trafic et de prises d’otage, l’existence des Farc est jalonnée d’exactions qui ont exaspéré les Colombiens. En 2002, le président Alvaro Uribe, fraîchement élu, lance une guerre totale contre la guerilla marxiste appuyée par les électeurs et aussi par les Etats-Unis qui financent et forment l’armée colombienne.

Décrit par ses anciens compagnons comme étant charismatique mais aussi cruel, Marulanda laisse son mouvement affaibli. En mars, son numéro 2, Raul Reyes, était tué par les forces de sécurité colombiennes. Le même mois, Ivan Rios, un autre membre de secrétariat des Farc était abattu par son chef de la sécurité. Le moral des guerilleros serait au plus bas et la dérive mafieuse de l’organisation la rend plus perméable aux trahisons et à la corruption. Dernièrement, l’un de ses chefs importants, Nelly Avila Moreno, alias Karina, s’est rendu aux autorités de Bogota.

Le successeur de Marulanda est déjà désigné : il s’agit de Guillermo Leon Saenz, alias Alfonso Cano, un anthropologue de 52 ans qui représente l’aile politique des Farc. Chef du Bloc central et occidental de l’organisation, sa nomination serait une source de division au sein des guerilleros dont le nombre est estimé entre 8.000 et 10.000 (contre 20.000 en 2002). Le rival de Cano est le représentant de la ligne dure des Farc, c’est à dire le chef du Bloc oriental, Momo Jojoy.

En tous les cas, Bogota n’en a pas encore fini avec les Farc. Même si Alfonso Cano pourrait être tenté de négocier avec le gouvernement colombien, la ligne dure de la guérilla pourrait quant à elle se radicaliser davantage et continuer le combat initié il y a 44 ans par Marulanda.

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