Experts militaires sous influence

Le New York Times a révélé, il y a une quinzaine de jours, que des analystes militaires recrutés par les grands médias pour éclairer l’actualité des guerres en Irak et en Afghanistan auraient en fait été influencés par le Pentagone afin de donner des commentaires favorables à l’administration Bush.

Le journal a examiné en détail les relations entretenues entre le gouvernement américain et ces consultants, qui sont par ailleurs tous des anciens officiers supérieurs, embauchés par les grandes chaînes d’informations telles que Fox News, NBC ou CNN.

« Les enregistrements et interviews montrent comment l’administration a utilisé son contrôle sur l’accès et l’information dans un effort pour transformer les analystes en une sorte de cheval de Troie médiatique, un instrument destiné à façonner le traitement du terrorisme de l’intérier des grands réseaux de radio et de télévision », peut-on lire en parcourant l’article.

Plus gênants encore sont les liens qu’entretiennent certains consultants militaires avec des sociétés ayant des contrats avec le Pentagone ou présentes en Irak, ce qui laisse planer un doute sur d’éventuels conflits d’intérêt.

Si quelques experts admettent effectivement avoir passé sous silence leurs propres doutes pour ne pas perdre leurs sources et leur accréditation au sein du département à la Défense, d’autres en revanche nient qu’ils aient pu être influencés par leurs relations d’affaires ou par l’admnistration et certains d’entre eux affirment même qu’ils se sont abstenus d’évoquer des sujets concernant leurs intérêts dans l’industrie de défense.

Les révélations du New York Times sont basées sur plus de 8.000 pages de courriels, de notes et de transcriptions correspondant à quelques années de « briefings ». Pour le Pentagone, ces consultats militaires étaient considérés comme des « auxiliaires chargés de multiplier la force du message » du gouvernement aux Américains « sous la forme de leurs propres opinions. »

Contacté par le quotidien, le Pentagone s’est défendu d’avoir cherché à influencer ces consultants. « L’intention et le but n’est rien d’autre qu’une tentative sérieuse d’informer le peuple américain », a déclaré son porte-parole, Bryan Whitman qui a ensuite ajouté « qu’il serait assez incroyable de penser que des officiers à la retraite puissent être utilisés comme des marionnettes par le département de la Défense. »

Mais devant la polémique suscitée par les révélations du journal new yorkais, le Pentagone a annoncé la suspension temporaire de son « programme de relations publique » à l’intention de ces experts militaires s’exprimant dans les média en qualité d’anciens officiers. Il s’agit pour le département à la Défense « d’examiner certaines critiques » le concernant.

De son côté, le secrétaire à la Défense, Robert Gates, qui s’est fait discret sur cette affaire, a simplement demandé aux experts militaires de ne s’exprimer qu’en leur nom et pas en celui du Pentagone.

(c) New York Times

Illustration de l’article du  New York Times

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