Tensions entre les deux Corées

Le nouveau gouvernement sud-coréen affiche une politique plus ferme à l’égard de Pyongyang. Le président conservateur, Lee Myung-bak, voudrait en effet que l’aide économique accordée à la Corée du Nord soit assujetie aux concessions que cette dernière ferait sur son programme d’armement nucléaire. Pour Kim Jung-il, un des derniers chefs d’Etat communistes au monde, il n’en est évidemment pas question.

Le 28 mars dernier, la Corée du Nord a procédé, en mer Jaune, au tir de quatre de missile mer-mer Styx, de conception russe. Le dernier tir de missile nord-coréen remontait jusqu’alors en juin 2007, pendant la visite dans le pays d’inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), venus pour évoquer la dénucléarisation du régime.

De l’avis des experts de la région, ce tir nord-coréen était porteur d’un double message. Il s’agissait pour Pyongyang de marquer son mécontentement envers sa voisine du Sud pour sa politique menée à son égard mais aussi aux Etats-Unis, qui ont accentué leur pression pour accélerer le réglement du dossier nucléaire et qui ont accusé la Corée du Nord d’entretenir des relations avec la Syrie.

Depuis la fin mars, les relations entre les deux Corées n’ont cessé de se détériorer, Pyongyang multipliant les provocations ou accusant Séoul d’intentions hostiles. Ainsi, quelques heures à peine après le tir des missiles Styx, le porte-parole de la marine nord-coréenne a qualifié de « fantôme » la frontière maritime intercoréenne (appelée NLL). Même si le régime communiste ne l’a jamais reconnue officiellement, il n’en reste pas moins que la Corée du Nord a prévenu qu’elle ne tolérerait pas que des navires militaires sud-coréens puissent la franchir.

Selon Séoul, aucun de ses bâtiments de guerre ne s’est aventuré jusqu’à présent dans les eaux territoriales nord-coréennes, alors que l’inverse s’est déjà produit, comme en juillet 2002 où un navire nord-coréen s’était aventuré dans les eaux territoriales de la Corée du Sud et avait ouvert le feu sur un patrouilleur sud-coréen.

Le 31 mars, nouvelle provocation de Pyongyang. Quelques jours auparavant, le nouveau chef d’état-major de l’armée sud-coréenne, Kim Tae-young, avait déclaré qu’en cas d’une attaque nucléaire du Sud par le Nord, Séoul serait en mesure de détruire les sites de stockage des armes nucléaires nord-coréennes. Cette déclaration a été l’occasion pour Pyongyang d’y voir une intention d’une frappe préventive contre ses installations et de demander des excuses à Séoul, tout en menaçant de rompre le dialogue intercoréens et de réduire la Corée du Sud « en cendres » si jamais elle attaquait la première.

Le même jour, selon le quotidien de Séoul Chosun Ilbo, citant des sources militaires, reprises ensuite par la radio KBS World, des avions de chasse nord-coréens auraient mis en alerte l’aviation sud-coréenne en s’approchant d’un peu trop près du 38e parallèle qui sépare les deux pays. Cela dit, la supériorité des forces aériennes sud-coréennes ne souffra pas la contestation par rapport à son homologue du Nord, équipée de Mig-17 et de Mig-21. Si les aviateurs nord-coréens n’en sont pas à leur coup d’essai en la matière, leurs sorties sont de plus en plus fréquentes qu’auparavant.

Le lendemain, le journal du parti communiste nord-coréen, le Rodong Shinmun, s’en est violemment pris au président sud-coréen, Lee Myung-bak, en l’accusant de presque tous les maux, à commencer par celui d’avoir demander à Pyongyang de mettre un terme à ses activités nucléaires avant de reprendre l’aide et la coopération économiques.

Enfin, le week-end dernier, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il, jouant toujours sur le registre d’une menace sud-coréenne imaginaire, a affirmé que ses armées « étaient invincibles » et « capables de repousser une invasion étrangère ».

La manoeuvre de Pyongyang vise à intimider le nouveau pouvoir sud-coréen pour qu’il ne revienne pas sur les engagements de ses prédécesseurs en matière de relations intercoréennes. Les provocations du régime communiste devrait durer au moins jusqu’à la mi-avril, c’est à dire après la visiste aux Etats-Unis du président sud-coréen pour une rencontre avec son homologue américain George W. Bush.

Base nord-coréenne située au Nord-Ouest de la ville de Mayu-Dong – On distingue une rangée de Mig-17 ou de Mig-19 et 2 Mig 21 à droite et 2 autres en haut du cliché (via Google)

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]