Avancées pour le bouclier antimissiles américain

Le président des Etats-Unis, George W. Bush, devait défendre trois dossiers majeurs devant les chefs d’Etat et de gouvernement des pays réunis au sommet de l’Otan à Bucarest. Si il n’a pas été suivi sur l’adhésion à l’Alliance de la Géorgie, de l’Ukraine et de la Macédoine, il a néanmoins obtenu des renforts militaires supplémentaires pour la guerre contre le terrorisme en Afghanistan et le soutien de ses homologues au projet américain de bouclier antimissiles dont des élèments doivent être implantés en Europe.

Dans la déclaration finale du sommet de Bucarest, les membres de l’Otan ont ainsi reconnu « l’importante contribution à la protection des alliés contre les missiles balistiques à longue portée qu’apportera le déploiement d’éléments du système antimissile américain en Europe. »

Le bouclier américain antimissiles, tel qu’il est prévu, ne permettra de protéger la Bulgarie, la Grèce, la Roumanie et la Turquie contre la menace de missiles balistiques. Or, étant donné que la sécurité de ses membres est « indivisible », l’Otan a donc également souhaité que le bouclier américain soit relié à la défense antimissile qu’elle est en train de développer, afin de réaliser un système global qui pourrait à terme assurer la protection de tous les alliés. Des « options » allant dans ce sens seront proposées aux dirigeants de l’Otan lors du prochain sommet en 2009, qui se tiendra à Strasbourg-Kehl.

La France, qui s’était montrée, jusqu’à présent, toujours réservée sur le projet de bouclier antimissiles américain, a également donné son soutien aux Etats-Unis. « Pour la France, une telle capacité peut apporter un complément utile face à une frappe limitée, mais elle ne pourra jamais suffirer à préserver nos intérêts vitaux », a déclaré le président de la République, Nicolas Sarkozy. « La garantie ultime de notre sécurité repose sur la dissuasion nucléaire. Mais nous reconnaissons que l’initiative prise par les Etats-Unis et d’autres contribue à la sécurité des alliés », a-t-il encore précisé.

Le système antimissile américain prévoit l’installation d’une batterie de missiles intercepteurs en Pologne et un radar en République tchèque. Si les discussions avec la Pologne pour l’implantation d’une base américaine devraient encore durer quelques semaines, Washington et Prague ont annoncé, en marge du sommet, avoir trouvé un accord pour l’installation du radar. Dans un communiqué, les deux pays se disent « heureux d’annoncer l’achèvement des négociations sur un accord sur la défense antimissile » et qu’ils ont « l’intention de signer l’accord dans un avenir proche ».

La perspective d’un déploiement d’éléments du bouclier américain antimissiles en Pologne et en République tchèque n’a jamais enchanté la Russie qui y voit une menace pour ses intérêts stratégiques.

Cependant, même si le président russe, encore en exercice, Vladimir Poutine, a modéré son opposition au projet de Washington ces dernières semaines, l’Otan a proposé, jeudi, à la Russie de relier son système de défense antimissile à celui que l’Alliance est en train de développer, ainsi qu’au bouclier américain.

« Nous encourageons la Fédération russe à profiter des propositions des Etats-Unis en matière de défense antimissile et nous sommes prêts à explorer les possibilités de relier les systèmes de défense antimissile américain, de l’Otan et russe au moment qui sera approprié », ont déclaré les dirigeants de l’Alliance atlantique.

Pour que la Russie puisse coopérer à un tel degré avec l’Otan, il faudrait encore que les sujets de friction avec cette dernière se soient apaisés. Or, avec le problème posé par l’indépendance du Kosovo ou encore l’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie, qui est gelée pour l’instant mais pas abandonnée, le chemin risque d’être encore long.

A l’issue du sommet Otan-Russie qui s’est tenu vendredi 4 avril, Vladimir Poutine a rappelé que « la collaboration (de la Russie) dépend de la manière dont l’Otan prend en compte les intérêts russes. »

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