Un bataillon français sera déployé dans l’est de l’Afghanistan

Après un débat parlementaire, mardi dernier, qui ne restera pas dans les mémoires, le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, a confirmé l’envoi d’un bataillon supplémentaire en Afghanistan à l’occasion du sommet de l’Otan qui se tient actuellement à Bucarest (Roumanie).

« J’ai décidé de renforcer la présence militaire française avec un bataillon et un détachement de forces spéciales, déployés dans la région Est », a déclaré le président de la République, qui considère par ailleurs que « l’Afghanistan est un enjeu stratégique pour la sécurité internationale et pour les relations entre l’Islam et l’Occident. Imaginons les conséquences d’un nouvel Etat terroriste dans cette région du monde. »

Ainsi, les renforts français envoyés en Afghanistan devraient s’établir entre 700 et 800 militaires, sans compter les effectifs des forces spéciales évoqués par M. Sarkozy. D’ici à l’été, le dispositif de l’armée française dans le pays devrait être composé, en plus de ce « bataillon » déployé à l’est, par 1.700 soldats à Kaboul, 200 aviateurs à Kandahar, où trois Rafale et trois Mirage 2000 D sont basés et 280 instructeurs (ou OMLT) détachés auprès de l’armée nationale afghane (ANA), sans oublier les bâtiments de la Marine nationale qui naviguent dans l’Océan Indien pour le compte de la Task Force 150 qui fait partie du dispositif « Enduring Freedom ». Enfin, il reviendra à la France d’assurer le commandement de la région Centre de l’Afghanistan pendant un an, à partir de l’été prochain.

La dégradation de la situation dans l’est mais surtout dans le sud de l’Afghanistan, où l’activité des talibans s’est intensifiée au cours de ces derniers mois, a provoqué des tensions au sein de l’Alliance atlantique. Les Britanniques et les Canadiens, présents dans le sud et confrontés à de durs combats contre les islamistes radicaux, ont pressé leurs partenaires de l’Otan à partager le fardeau. Les Etats-Unis, quant à eux, n’ont pas cessé de réclamer des renforts suffisants pour stabiliser le pays. Ayant le problème irakien à gérer, Washington y a cependant renforcé ses effectifs au début de l’année.

Les troupes françaises envoyées en renfort seront déployées à l’est du pays, pour des raisons stratégiques et logistiques, Kaboul pouvant ainsi servir de base arrière. Cela permettra ainsi aux Américains d’aller épauler les militaires canadiens, qui ont déjà perdu près de 80 hommes depuis leur engagement en Afghanistan. Le gouvernement canadien du Premier ministre conservateur Stephen Harper estime qu’il faudrait 1000 hommes supplémentaires pour pouvoir maintenir son contingent dans le pays.

Reste à savoir combien de temps va durer la présence de l’Otan en Afghanistan. Selon le secrétaire général de l’Alliance, Jaap de Hoop Scheffer, il faudrait « plus qu’une génération pour reconstruire » le pays. Le président afghan, Hamid Karzai, ne dit pas autre chose quand il déclare que « l’Afghanistan aura besoin de l’aide de la communauté internationale et d’une présence militaire pour encore quelques années pour consolider les acquis des dernières années. »

Nicolas Sarkozy s’est prononcé pour un engagement « dans la durée » afin de « rendre les Afghans maîtres de leur destin. » Dans cette intention, le président de la République a affirmé que l’effort militaire s’inscrit « dans une stratégie globale », qui prend en compte également des objectifs civils.

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