Coûteuses opérations extérieures

Alors que la France s’apprête à renforcer sa présence militaire en Afghanistan, le coût des opérations extérieures (opex) va atteindre un niveau record cette année selon les estimations du ministère de la Défense qui avance la somme de 850 millions d’euros, soit près de 390 millions de plus que les 460 millions prévus et inscrits au budget 2008 voté par les parlementaires.

L’armée française est actuellement et principalement déployée au Tchad, dans le cadre de la mission de l’Eufor pour le Darfour, au Liban, avec la Finul, au Kosovo, avec la Kfor, en Côte d’Ivoire et en Afghanistan, au sein de l’Isaf sous commandement de l’Otan. L’an passé, le montant des dépenses liées aux Opex a été de 640 millions d’euros et leur coût ne cesse d’augmenter au fil des ans.

Seulement, cette réalité n’est jamais prise en compte par le Parlement qui vote les crédits aux armées. En 2005, le budget alloué aux opérations extérieures était de 100 millions d’euros. Elles en ont coûté au minimum cinq fois plus pour s’établir à 532 millions d’euros. Cela dit, l’écart entre les sommes prévues et le coût final s’est quelque peu réduit ces dernières années. En 2007, la différence était de 280 millions d’euros alors qu’elle était encore de 428 millions d’euros l’année précédente.

En ces temps de rigueur budgétaire pour cause de finances publiques peu reluisantes, Bercy n’est pas dans les meilleurs dispositions pour mettre la main à la poche pour combler le sous financement des Opex.

L’an passé par exemple, le ministère de la Défense a discrètement pioché dans ses crédits d’équipements pour financer le surcoût de ses opérations extérieures. Si le contribuable s’y retrouve, ce n’est pas le cas de celui qui est sur le terrain, loin de chez lui, et qui ne dispose pas toujours du matériel adapté – quand il n’est pas obsolète – pour accomplir sa mission.

Le coût d’une opération extérieure est fonction plusieurs variables. La première est la majoration des soldes des militaires déployés à l’étranger, ce qui est normal quand l’on sait qu’un soldat part en mission pour une durée de 6 mois, dans des endroits qui ne sont pas les plus prisés par les agences de voyage. En moyenne, les soldes majorées représentent les deux tiers du coût d’une Opex. Le reste se partage entre des investissements nécessaires au déploiement des troupes et les frais de fonctionnement, comme les munitions ou encore le carburant et la nourriture.

L’envoi d’un contingent supplémentaire de 1.000 hommes en Afghanistan n’aidera pas à faire des économies et à réduire le coût des Opex. La présence de 2.200 militaires français déjà déployés dans le pays, essentiellement dans la région de Kaboul, coûte entre 150 et 200 millions d’euros en année pleine. La note pourrait donc rapidement grimper en raison des dépenses supplémentaires liées à la logistique et le ravitaillement mais aussi à l’usure prématurée des véhicules. Et cela, c’est sans compter le coût humain que la France aura probablement à payer, étant donné que ses militaires envoyés en renfort iront dans une zone d’opérations où les combats contre les talibans sont intenses.

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