Sarkozy : la France « ne baissera pas la garde »

Le lancement à Cherbourg du Terrible, le dernier sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE), a été l’occasion pour Nicolas Sarkozy de préciser la politique française de défense.

Alors que les rumeurs et les spéculations vont bon train dans l’attente de la publication du livre blanc de la Défense qui doit réorienter la doctrine des armées françaises et de celle du rapport concernant la « révision générale des politiques publiques » (RGPP), le président de la République a assuré que le budget militaire restera au même niveau auquel il est actuellement, c’est à dire à 2% du PIB.

« Le budget de la Défense est le deuxième budget de l’Etat. Il le restera. Il ne baissera pas. J’exclus absolument de baisser la garde », a-t-il déclaré. Cependant, le président a affirmé la nécessité de faire des « choix » et a jugé « irréaliste » le modèle d’armée 2015 prévu par l’actuelle loi de programmation militaire. En clair, si le budget ne baisse pas, il ne sera pas non plus augmenté. Nicolas Sarkozy a en effet estimé qu’une hausse des dépenses militaires serait « incompatible avec l’engagement pris auprès des Français et auprès de nos partenaires européens de redresser les finances de la nation. »

Tout en réaffirmant l’importance de la force de dissuasion dans la défense de la France, qu’il a qualifiée « d’assurance-vie de la nation », le président de la République a affirmé qu’elle est également « un élément-clé » de la sécurité européenne. A ce titre, Nicolas Sarkozy a proposé « d’engager avec ceux de nos partenaires européens qui le souhaiteraient un dialogue ouvert sur le rôle de la dissuasion et sa contribution à notre sécurité commune. »

Cependant, le président n’a pas attendu la sortie du Livre blanc pour annoncer la réduction « d’un tiers » des moyens de la Force aérienne stratégique (FAS). Jusqu’à présent, cette dernière dispose de trois escadrons de Mirage 2000 N équipés du missile ASMP (Air Sol Moyenne Portée), dont deux sont basés à Luxeuil et un à Istres. A terme, elle devrait donc disposer de deux escadrons de Rafale munis d’ASMP-A (Air-Sol Moyenne Portée – Amélioré).

« La France maintient son arsenal au niveau le plus bas possible compatible avec le contexte stratégique », a affirmé le chef de l’Etat, qui a ainsi mis en avant le principe de la « stricte suffisance ». C’est aussi une façon de montrer l’exemple en matière de désarmement nucléaire. « Après cette réduction, notre arsenal comprendra moins de trois cents têtes nucléaires, c’est la moitié du nombre maximum de têtes que nous ayons eu pendant la guerre froide », a précisé M. Sarkozy.

Le président a annoncé qu’il allait prendre d’autres initiatives sur la question du désarmement. Ainsi, il a proposé que des négociations soient ouvertes pour interdie les missiles sol-sol de portée courte et intermédiaire, susceptibles d’emporter des têtes nucléaires. La France ne dispose pas de ce genre de missile dans son arsenal, le programme Hadès ayant été abandonné.

Alors que la France ne produit plus de matières fissiles et qu’elle en dispose suffisamment assez pour plusieurs dizaines d’années, M. Sarkozy a « proposé de lancer sans délai la négociation sur un traité d’interdiction de production de matières fissiles pour les armes nucléaires et de mettre en place un moratoire immédiat sur la production de ces matières. »

Toujours sur le thème du désarmement, Nicolas Sarkozy a appelé « tous les pays à ratifier le Traité d’interdiction compète des essais nucléaires (TICE), à commencer par la Chine et les Etats-Unis, qui l’ont signé en 1996 » et les « puissances nucléaires à démanteler tous leurs sites d’essais nucléaires, de manière transparente et ouverte à la communauté internationale. »

Enfin, le chef de l’Etat a distingué l’Iran qui, selon lui, « accroît la portée de ses missiles alors que de graves soupçons pèsent sur son programme nucléaire ». Une menace qui, selon ses termes, met la « sécurité de l’Europe en jeu ».

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