Lancement du Terrible, le dernier SNLE nouvelle génération

Le président de la République, Nicolas Sarkozy, va assister aujourd’hui, à Cherbourg, au lancement du Terrible, le dernier né des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la classe « Triomphant ».

Avant lui, trois autres bâtiments ont été mis en service : le Triomphant, en 1997, le Téméraire en 1999 et le Vigilant en 2004. Si Le Terrible est présenté comme étant le « petit frère » de ses trois prédécesseurs, il n’en reste pas moins qu’il est différent de ces derniers étant donné qu’il a pu bénéficier d’améliorations technologiques et qu’il pourra embarquer à son bord, dès son entrée en service, des missiles nucléaires stratégiques M-51.

Avec ses 56 tonnes (soit la masse d’un char Leclerc), le M-51 est un missile capable d’atteindre une cible où qu’elle puisse se trouver dans le monde depuis sa zone de lancement. Sa portée est estimée à 8.000 km, soit 2.000 km de plus que son prédécesseur, le M-45. Il peut voler à un vitesse 25 fois supérieure à celle du son, soit à mach 25. Développé par EADS Astrium Space, le M-51 a effectué son premier essai en novembre 2006. Sa mise en service devrait être effective en 2010.

Le tir d’un tel missile à partir d’un SNLE n’est pas sans poser de problèmes. Le principal concerne la stabilité du submersible au moment du départ du projectile. La solution consiste généralement à faire en sorte que le logement du missile tiré se remplisse d’eau pour maintenir l’assiette du bâtiment.

Or, pour le M-51, la quantité d’eau embarquée est trop importante, d’où un système à base de plombs mis au point par les ingénieurs de la DCNS, la société qui a conçu Le Terrible. Ainsi, pour assurer la stabilité du sous-marin, des plombs, d’une masse de plusieurs tonnes, sont éjectés par des trappes, simultanément au départ du missile.

Le Terrible est un concentré de technologie. Encore plus silencieux que ces prédécesseurs, ce qui est un impératif pour les missions auxquelles il est destiné, il dispose d’un système de combat entièrement nouveau, le Sycobs, qui équipera par ailleurs les prochains sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) de la classe Barracuda et ses capacités de détection sous-marine ont été améliorée.

Quant à l’armement, Le Terrible pourra emporter 16 missiles M-51 et 18 torpilles pour se défendre. Son groupe moteur, d’une masse de 600 tonnes, fonctionne grâce à l’énergie nucléaire. Sa puissance serait assez suffisante pour alimenter en électricité une ville de plus de 100.000 habitants.

Même si ses 14.200 tonnes en plongée et sa longueur de 138 m pour un diamètre de 12,5 m peuvent impressionner, Le Terrible est néanmoins nettement moins imposant que les SNLE de la classe Ohio de l’US Navy ou encore des Typhoon russes qui mesurent environ 170 m de longueur et qui affichent une masse de 25.000 tonnes en plongée. Autres caractéristiques, Le Terrible peut plonger jusqu’à 300 m de profondeur et naviguer à une vitesse de 25 noeuds. Enfin, deux équipages (bleu et rouge) de 111 marins, dont 15 officiers, se succèderont à son bord.

Par le passé, la France a disposé jusqu’à six SNLE. Depuis 1996, ce nombre a été ramené à quatre, ce qui est le minimum pour jongler avec les périodes de maintenance et en avoir toujours au moins un en mer afin d’assurer la permanence de la dissuasion nucléaire. Pourtant, bien que commandé en juillet 2000, Le Terrible a été remis en cause en 2001 pour être finalement confirmé en septembre 2002.

Le coût du Terrible est estimé entre 2 et 2,5 milliards d’euros et celui d’un missile M-51à 120 millions d’euros. Si ces sommes paraissent élevées, il ne faut pas perdre de vue que la construction de ce SNLE a nécessité quinze millions d’heures de travail aux 3.000 employés de DCNS, ce qui a représenté près de 70% du plan de charge de la société d’armement naval.

Maintenant que Le Terrible est sur le point de rejoindre les trois autres SNLE en service, les ouvriers de Cherbourg ont de quoi être inquiets, d’autant plus que la durée de vie des sous-marins de la classe « Triomphant » est d’au moins 25 ans, ce qui signifie qu’une commande d’autres exemplaires, dans l’immédiat, est exclue.

Avant de prendre son service en mer, Le Terrible doit encore passer des tests pendant deux ans. Il devrait être pleinement opérationnel en 2010. Avec l’épineux problème de la prolifération nucléaire, la dissuasion française est plus que jamais encore d’actualité.

(c) Marine Nationale - SNLE classe Triomphant

(c) Marine Nationale – SNLE Le Triomphant

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