Le chef du Centcom démissionne

Le Centcom est le commandement américain en charge du Moyen-Orient et de l’Asie centrale. A ce titre, il a sous sa responsabilité les troupes américaines engagées en Irak et en Afghanistan et il est en première ligne dans le dossier du nucléaire iranien. Son quartier général est situé en Floride, sur la base de MacDill, à Tampa. Il dispose également d’un QG avancé depuis 2003 sur la base de Al Udeid au Qatar.

Depuis 2007, le Centcom est dirigé par l’amiral William Fallon. Or, ce dernier a annoncé, le 11 mars dernier, sa démission et sa demande de mise à la retraite. Le départ de cet amiral est la conséquence de la publication par le mensuel Esquire d’un article qui lui est consacré.

Le papier en question, intitulé ‘L’homme entre la guerre et la paix », a été écrit par Thomas Barnett, un expert des affaires militaires en vue outre-Atlantique. Dans son article, il rapporte des propos que l’amiral Fallon lui aurait tenu au sujet de l’Iran, lors de leurs multiples rencontres. Le ton est donné au tout début du texte par une citation de l’amiral : « Si, au crépuscule de l’Administration Bush, nous partons en guerre contre l’Iran, cela dépendra d’un homme. Si nous ne partons pas en guerre, cela dépendra du même homme ».

La lecture de l’article donne l’impression que l’amiral Fallon est en désaccord avec la politique de fermeté à l’égard de l’Iran du président Bush. Barnett fait notamment référence à un entretien que le chef du Centcom avait accordé à la chaîne d’informations al-Jezira en septembre dernier et au cours duquel il avait affirmé que la menace d’une guerre contre l’Iran revenait comme « un roulement de tambour constant » et que cela ne lui semblait « ni salutaire, ni utile ».

Dans le communiqué où il annonce sa décision de quitter le service actif, l’amiral Fallon a tenu à remettre les choses à leur place et a qualifié la plume de Barnett « d’empoisonnée ». Et d’expliquer la raison de son départ : « De récents articles de presse donnant à penser qu’il existe un hiatus entre les opinions et les objectifs de la politique du président ont eu un effet de distraction à un moment critique et ont gêné les efforts dans la région placée sous la juridiction du Centcom. »

De fait, l’amiral Fallon a nié tout désaccord avec la politique menée par Washington. « Et bien que je ne crois pas qu’il n’y ait jamais eu une quelconque divergence sur les objectifs de notre politique au sein du Centcom, la simple perception de semblables divergences fait qu’il est difficile pour moi de continuer à servir efficacement les intérêts de l’Amérique à ce poste », a-t-il déclaré.

La ligne de l’Administration Bush à l’égard de l’Iran est de donner la priorité à la diplomatie, tout en n’écartant pas une éventuelle option militaire. La magazine Esquire reconnaît d’ailleurs que c’est également la position de l’amiral Fallon, qui n’a jamais exclu un recours à la force combinée « avec la volonté de dialogue ».

Certains ont cru voir dans la démission du chef du Centcom une nouvelle approche de la Maison Blanche sur le dossier Iranien. Le secrétaire à la Défense, Robert Gates, a réfuté cette rumeur ». « La notion que cette décision présage quoi que ce soit en termes de changement de notre politique en Iran est ridicule » a-t-il déclaré.

En guise de commentaire sur la départ de l’amiral Fallon, Robert Gates a déclaré avoir « approuvé à contrecoeur et à regret » sa demande de mise à la retraite. « Ce dernier a pris cette difficile décision entièrement de son plein gré », a-t-il ajouté, coupant ainsi court à la rumeur selon laquelle l’amiral aurait été poussé gentiment vers la sortie. Et d’ajouter : « Je crois que c’était la bonne décision à prendre, même si je ne pense pas qu’il existe, de fait, d’importantes divergences entres ses opinions et la politique officielle de l’administration. »

Le président Bush a rendu hommage au désormais ancien patron du Centcom. « L’amiral Fallon a servi la Nation avec une grande distinction pendant 40 ans. (…) Durant le temps de son commandement au Centcom, sa mission était de faire en sorte que les forces militaires américaines soient prêtes à affronter les menaces dans une région souvent troublée du monde. On lui doit en bonne part les progrès réalisés en ce domaine, notamment en Irak et en Afghanistan », a-t-il déclarer dans un communiqué.

Le numéro 2 du Centcom, le général de l’US Army Martin Dempsey, prendra la succession de l’amiral Fallon à la fin du mois.

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