Une base interarmées française dans le Golfe persique

Près de 50% des réserves pétrolières mondiales et 40% des réserves de gaz sont situées dans le Golfe persique, ce qui en fait une zone d’une importance stratégique majeure. L’acheminement de la production de ces matières énergétiques se fait essentiellement par voie maritime, d’où la nécessaire sécurisation du détroit d’Ormuz qui pourrait éventuellement faire l’objet d’un blocus de la part des Iraniens en cas, par exemple, d’attaque de leurs installations nucléaires ou bien être le théâtre d’attentats contre des navires pétroliers.

Cela explique la forte présence militaire américaine dans cette région. Les Etats-Unis y disposent en effet de bases, comme par exemple à Bahreïn qui abrite le port d’attache de la Ve Flotte de l’US Navy, au Koweit, au Qatar, en Arabie Saoudite et bien évidemment en Irak.

Avec l’accord de coopération militaire signé lors de la visite du président Nicolas Sarkozy à Abou Dhabi, la France s’est assurée d’une position stratégique dans cette zone avec l’implantation programmée d’une base militaire permanente aux Emirats arabes unis.

« C’est la première base militaire permanente française dans le Golfe, elle fait face au détroit d’Ormuz par où transite 40% du pétrole mondial, d’où son intérêt stratégique » a expliqué la présidence française.

Cette base sera « interarmées » et devrait accueillir de 400 à 500 militaires permanents dès 2009 et qui, selon le vice-amiral Mazars en charge de la négociation du projet, auront la mission de « participer au soutien général de la coopération militaire française avec les Emirats et aussi des forces françaises de passage. » Par ailleurs, un site naval sera aménagé dans l’enceinte du port de commerce d’Abou Dhabi. Environ 150 militaires y seront affectés.

Ainsi, la France a pu renforcer ses capacités militaires dans la région, sans doute au détriment de la Corne de l’Afrique où les forces françaises qui sont actuellement stationnées à Djibouti pourraient être redéployées sur la future base d’Abou Dhabi.

La signature de cet accord pourrait surprendre au premier abord, tant il est manifeste que les Emirats sont soucieux d’afficher leur indépendance. Seulement, les ambitions régionales de l’Iran, qui occupe par ailleurs trois îles proches du détroit d’Ormouz dont Abu Dhabi revendique la souveraineté, son soutien au terrorisme et son intransigeance sur son programme nucléaire ont de quoi susciter l’inquiétude chez ses voisins.

En cas de conflit, l’Iran pourrait par exemple tenter « d’interdire la navigation civile dans le golfe Persique et de s’en prendre aux installations pétrolières perturbant les exportations de pétrole, afin de désorganiser au maximum l’économie mondiale. Des attentats terroristes pourraient être déclenchés au sein même des pays agresseurs et de leurs alliés. « , peut-on lire sous la plume d’Alain Rodier dans un rapport sur la menace iranienne publié par le Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R).

Enfin, la présence militaire française dans le golfe Persique n’est pas un fait nouveau. Le Qatar accueillera une filiale de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr dès 2011 pour former les futurs officiers des armées de terre de la région.

Mais c’est surtout avec les Emirats que les liens semblent les plus étroits. Un accord de coopération militaire entre la France et Abou Dhabi avait déjà été conclu en 1995. De ce fait, les bâtiments de la Marine nationale y font une trentaine d’escales par an et plusieurs exercices entre les deux armées sont régulièrement organisés. Le prochain, baptisé « Gulf Shield » aura d’ailleurs lieu en février prochain et rassemblera 1.400 militaires émiratis et 600 Français.

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