La défense antimissile japonaise prouve son efficacité

Suite au survol du nord du Japon par un missile nord-coréen de type Taepodong le 31 août 1998 et afin de se prémunir contre toute menace chinoise, Tokyo a mis en place un système de défense antimissile. Ce dernier est « multicouches », c’est à dire qu’il se compose de deux lignes de défense.

La première est assurée par une flotte de quatre contre-torpilleurs « Kongo », équipés du radar Aegis de détection et de poursuite et d’intercepteurs SM-3 susceptibles de détruire des missiles nord-coréens de type Rodong. La seconde est constituée par des antimissiles américains à courte portée Patriot Pac-3 prépositionnés sur les bases aériennes de Narashino et Iruma, près de Tokyo.

C’est donc pour éprouver ce système que, le 17 décembre dernier, les forces d’autodéfense japonaises et la marine américaine ont réalisé avec succès un test d’interception d’un missile balistique de moyenne portée.

Concrétement, il s’agissait de repérer et de détruire, à 160 km d’altitude au-dessus de l’Océan Pacifique, un missile « assaillant » lancé depuis la base américaine de Kauai (Hawaï) à l’aide d’un contre-torpilleur équipé de missile SM-3 et du radar Aegis.

Le succès de cet essai est aussi important pour les Etats-Unis que pour le Japon. En effet, alors que Washington tente de convaincre la Pologne et la République tchèque d’installer sur leur territoire des éléments du futur bouclier antimissile américain, le succès d’une dixième interception réalisée à l’aide du système Aegis est susceptible de faire pencher la balance du bon côté.

Pour le gouvernement japonais et outre le gain de crédibilité de la défense antimissile, ce test réussi permet de justifier la coopération militaire entre le Japon et les Etats-Unis. Le contre-amiral Katsutoshi Kawara l’a même qualifié de « tournant important » dans les relations militaires entre les deux pays.

Cependant, le partenariat militaire nippo-américain ne va pas sans accroc. Ainsi, l’opposition nippone a obtenu au Sénat la fin de la mission de la marine japonaise dans l’Océan indien qui consistait à ravitailler les bâtiments de la coalition internationale engagée en Afghanistan, au titre de la lutte contre le terrorisme. Inutile de dire que cette décision a été mal prise à Washington. Et d’autre part et bien que la défense antimissile japonaise ait besoin du chasseur furtif F-22 Raptor pour frapper des sites de missiles hostiles avant leur lancement, le Congrès américain s’oppose encore à toute vente de cet appareil au Japon.

En savoir plus :

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]